Jeunes « fragilisés », « empêchés », « en difficulté », « défavorisés », « en situation de handicap », « éloignés de la culture », « orphelins », « de zones sensibles ou prioritaires »… Ces termes reviennent très régulièrement dans la presse, dans les appels à projets des fondations et institutions et dans les discours de nombreuses organisations à but non lucratif.
Mais de quoi parle-t-on réellement quand on évoque un accès indifférencié à la culture ?
Chez Konstelacio, nous sommes souvent en net désaccord avec ce que de nombreux acteurs mettent derrière cette expression. Dans l’idée, rien de plus noble que d’apporter à ces publics éloignés de la culture ce à quoi ils n’ont souvent pas accès: des spectacles, des expositions, des projets de création artistique, des voyages, des échanges… Il est donc compréhensible que les mécènes souhaitent soutenir les actions qui vont dans ce sens, et que la presse mette en valeur ce désir d’aider ceux qui en ont le plus besoin. Malheureusement dans de nombreux cas, les projets sont créés uniquement pour ces publics fragilisés et il y a souvent peu d’échanges avec des publics non-empêchés, ce qui a pour travers de stigmatiser les premiers, bien que ce ne soit jamais l’objectif visé.
« Solidarité, xxx [nom], au secours des orphelins »
« L’engagement d’un Cambodgien envers les orphelins émeut… »
« Enfants, femmes, jeunes défavorisés sont ainsi l’objet de l’empressement philanthropique de xxx [entreprise] ».
« Solidarité. Les enfants défavorisés ont leur bonne étoile »
Ces titres et extraits d’articles de presse, généralement accompagnés de photos des enfants, valorisent le travail d’organismes qui font de belles choses et se battent au quotidien pour aider ces publics en difficulté. Il existe également de nombreux articles sur les sites des fondations d’entreprises afin de mettre en valeur leur engagement. Néanmoins cette communication rappelle que les actions en question sont destinées à ces publics.
Chez Konstelacio, l’accès indifférencié à la culture est un de nos principes d’action fondamentaux. Nous sommes convaincus de l’importance de la culture et de l’éducation dans la construction de chaque enfant et chaque jeune, peu importe son milieu et ses contraintes. Cela signifie à nos yeux également qu’il est fondamental de ne pas les stigmatiser plus qu’ils ne le sont déjà. C’est la raison pour laquelle nous insistons sur l’importance de garder à l’esprit le sens premier du mot « indifférencié ». Tout en s’adressant majoritairement à des publics fragilisés, l’association refuse ainsi de réserver l’accès uniquement à ces derniers afin de ne pas les ramener à leur condition d’enfants ou de jeunes défavorisés, orphelins ou encore porteurs de handicap. Nos projets sont ainsi menés aussi bien auprès d’écoles publiques que privées, hôpitaux pour enfants ou encore orphelinats. Les enfants et les jeunes échangent et participent tous à nos projets sur un pied d’égalité, de l’Inde au Mexique en passant par le Cambodge, des quartiers riches aux townships, en passant par les zones rurales.
Nous avons l’espoir qu’avec le temps de plus en plus d’acteurs de l’éducation, de la culture et de la solidarité sauront prendre en compte cette problématique clé.